Pas satisfait de ma peinture d’Etretat, je recommence. Je pense que c’est comme ça qu’on progresse.
L’avantage avec l’acrylique, c’est qu’on peut repasser dessus…voire même faire tout autre chose. Avec Etretat, j’ai eu des références pour tenter de m’améliorer.
L’été dernier, j’ai fait juste une photo souvenir en passant avec mon vélo à Joinville en Haute-Marne. Et maintenant j’ai tout le loisir de le peindre. Le Poncelot qui permet la traversée du bief est très ancien, il date du XVIeme siècle.
Blanc titane, terre d’ombre brûlée, bleu, jaune. J’essaie de me tenir sur le tiers du cercle chromatique de bleu à jaune et j’y ajoute une complémentaire en face du cercle, la terre d’ombre.
Sans passer par les préceptes de la peinture, je n’obtiens rien de concluant (on s’en douterait). Mis à part des horreurs criardes.
Cela dit manier de la peinture de l’huile demande de prendre de nouvelles habitudes.
Rincer les pinceaux, avoir du chiffon, du medium diluant, c’est toute une éducation.
J’ai compris qu’il ne fallait pas chercher à imiter une photo si l’on veut réussir.
Je me souviens de ma croisière anglo-normande sur un « onze mètres » en alu dans les années 80. J’étais seul à l’avant dans ma couchette dont l’accès était constitué d’une trappe. Les premières 24 heures, j’ai été malade sans discontinuer. Penché au-dessus du bastingage, j’ai cru vomir mon estomac.
Le skipper riait bien.
Arrivé à Bréhat, on a ramassé du bois pour faire du feu et attendre marée haute.
Je renaissais tout en redoutant le prochain appareillage.
A Serck, j’ai croisé le seigneur sur sa calèche. A Guernesey, la maison de Victor Hugo qui domine le port de St Peter. Un souvenir inoubliable…
Une fuite en avant qui consiste à essayer la peinture à l’huile. Après l’aquarelle, l’acrylique, pourquoi ne pas se laisser tenter par une technique issue du Moyen-Age! On attribue sa découverte à Jan van Eyck, peintre flamand…
J’ai regardé dans le dico. Pochade: oeuvre peinte sommairement.
Pour commencer, la pochade me convient, elle me sert d’alibi pour masquer mon inaptitude à ce nouveau médium qu’est la peinture à l’huile.
même dans le bas de gamme, le tube de peinture coûte cher
J’ai cassé ma tirelire pour me rendre en possession de la peinture. En pressant la première fois sur le tube, on veille à la sobriété.
Toujours sobre, j’ai acheté une LED à pince de 9 watts pour éclairer mon pupitre et je fabrique moi-même mon médium pour l’huile. Huile de lin, white-spirit et siccateur. Le « gras sur maigre »? j’ai encore du mal à imaginer peindre sur du long terme. Il est vrai que l’huile ne sèche pas, elle durcit. Alors on attend et pas question de sèche-cheveux comme à l’aquarelle. Mais je vais abandonner l’huile de lin et le whyte à cause de l’odeur et tenter l’alkyde dont on dit beaucoup de bien.
On apprend beaucoup avec YouTube. Comme par exemple le bon mélange des couleurs qui va je l’espère me conduire à des tons moins agressifs.
L’huile est une découverte qui me déconcerte. C’est le gras de la matière qu’il faut dompter. J’ai essayé avec Michelbach. On ne sait jamais quand il faut mettre la touche finale vu que le lendemain c’est encore pâteux…
D’abord tirer des bords sur le lac pour voir l’huile s’allonger derrière le pinceau. Tenter des courbures de ciel. La brillance est telle qu’on ne peut prendre une photo correcte immédiatement tant que le mélange est encore pâteux.
Michelbach. L’huile est une découverte
Ce que j’apprends par exemple, c’est l’usage de la terre d’ombre ou de la terre de Sienne dans les mélanges pour adoucir les tons.
Ce qui est bien avec ce réservoir qu’on appelle un peu pompeusement lac de Michelbach, c’est qu’on en fait le tour à pied en une heure tout en découvrant des perspectives variées et agréables.
Ici c’est le petit chemin qui longe le bas du village et revêtu de copeaux de bois.
Pas satisfait? l’avantage de l’acrylique, contrairement à l’aquarelle, c’est qu’on peut se faire pardonner ses erreurs et améliorer ensuite. Dire qu’on se fait pardonner est un peu présomptueux comme si son travail relevait du divin. Foutaise! Son travail de peintre, c’est d’abord la compréhension de ses couleurs, des formes, de l’harmonie des traits et des masses, la maîtrise des instruments, sa mise en page. Rien de divin dans tout cela. Au mieux s’exprimer avec goût.
Avant…
…après
J’ai remanié mon ciel. Je l’ai fait « tombant », une pure spéculation sur le rendu de l’atmosphère bretonne qui me semble réussie, puis j’ai (re)bleui mes toitures, redonné de la lumière aux feuillages. J’ai encore du chemin à parcourir pour affiner mes détails. Je travaille à main levée alors qu’à l’aquarelle, la main est posée à plat. Il faut que je trouve des points d’appui sur la toile sans mettre la main dans « le pas sec ».
C’est joli Saint-Cast-le-Guildo (Bretagne). Je m’y arrête le temps d’un cliché. Je traverse l’Arguenon et je m’installe contemplant l’estuaire vide, l’ardoise de ces maisons en face qui scintillent au soleil. J’ai essayé de projeter des masses à la manière de José Salvaggio que j’ai connu il y a longtemps lorsqu’on faisait du vélo.
Tous ces travaux sont imaginés. Ce sont donc des œuvres de fiction. Souvent je commence avec de l’eau, puis de la couleur. Parfois la neige en réservation sur la page blanche.
Je travaille mes cartes 10×15 de fin d’année
On ne réussit pas à tous les coups.
Il faut aller selon son émotion et parfois deviner la suite au fur et à mesure. Volontairement, je ne me suis pas inspiré des années précédentes. Mais mes techniques restent identiques.
A la faveur du temps orageux, j’ai pu réintégrer mon atelier de peinture sous les combles. Depuis bientôt deux mois, il était invivable du fait de la chaleur. Et pas question de se résigner à mettre une clim.
Avec 26°, je me suis mis à découper mon carton de pizza achetée chez Jeremy à la Cabane à Pizzas de Vieux-Thann.
Je vous recommande sa Collioure que je trouve excellente.
Une fois la pizza mangée, je récupère la boite et je contrecolle le fond et le dessus ensemble pour obtenir un carton rigide.
Une couche de Gesso et j’obtiens une belle surface à peindre de33 x 33cm.
Le Pouldu (Finistère), c’est un port breton en-dessous de Concarneau, non loin de Quimperlé.
C’est en repos forcé que je prends mon pinceau. La chaleur me dissuade de prendre mon vélo. Je tente de brasser de l’air chez moi. A force de brasser, il fait aussi chaud à l’intérieur qu’au dehors. Demain je vais profiter d’un redoux.