Chronique de pandémie

Discussions vidéo de groupe avec Messenger. La technique appelée à suppléer le confinement

Il n’y a jamais eu de roi si haï que celui-ci. Il est dans la dernière pauvreté et la plus grande alarme. Il ne peut emprunter. Et il a tiré tant d’argent que, s’il en lève encore, il met tout contre lui. (Histoire de France de Jules Michelet au sujet de François 1er)

Le bilan humain est terrible. Il est déjà terrible avant de l’être plus encore.

J’ai regardé sur la carte de France. Certains départements ne connaissent pas l’épidémie. Tant mieux pour ceux qui y habitent. Doivent-ils aussi vivre confinés?

Six départements français ne connaitraient aucun décès du au coronavirus (carte du 3 avril)

Les experts, de moins en moins sûrs d’eux, citent souvent Séoul en exemple. Cette capitale aurait vaincu l’épidémie grâce à ses moyens énergiques, tests, gels, masques et confinement. Séoul, une aire urbaine de 25 millions d’habitants entassés les uns sur les autres. Voila le modèle qu’on aimerait appliquer à la France.

Aux Etats-Unis, plusieurs personnes infectées par le coronavirus ont été contraintes par la justice de porter un bracelet électronique pour vérifier qu’elles restaient bien confinées à leur domicile.(source)

On n’est pas tirés d’affaire. Un ministre a parlé trop vite de sortie du confinement; de quoi susciter de faux espoirs. D’après ce que je comprends, la sortie du confinement sera pire que le confinement lui-même puisqu’on envisage une sortie différenciée selon le statut sérologique des individus, les lieux d’habitations et la possibilité de vous suivre à la trace par le tracking. Autrement dit, une sorte de bracelet électronique comme pour les prisonniers.

Et nous dans nos datchas fleuries, exilés de la ville, qui nous plaignons! Un ami d’un ami est mort hier après dix jours de réanimation. Ma mère qui vit seule se plaint de ne plus voir personne et, cruel destin, son petit chat d’un an a été retrouvé écrasé au bord de la route.

La famille s’est retrouvée hier en chat sur Messenger. Chacun y va de ses petits potins avec sa bobine bien rangée sur l’écran en mosaïque de l’Iphone. Ces réunions familiales sont appelées à se développer puisqu’il faut comprendre que nous serons pour longtemps encore privés de tout rassemblement.

J’avoue faire preuve de lassitude face à cet enfermement qui ne dit pas son nom, face à cet univers carcéral qui nous prive de nos libertés fondamentales.

Il faut admettre que le bilan épidémique ne cesse de croître tout en ralentissant. C’est en soi rassurant pour ceux qui chaque matin en se levant se tâte pour savoir s’ils présentent des symptômes inhabituels.

Mais le bilan social, la dette, les projets rejetés, les usines arrêtées, les entreprises abandonnées s’accumulent de façon vertigineuse.Mon petit vélociste du quartier est fermé depuis des semaines maintenant. Il ne vend pas de vélos, il n’en répare plus. Les associations sportives ont annulées toutes leurs manifestations et il faut, jour après jour, annuler aussi les engagements de l’été qu’on espérait tenir.

Le sport défendu

Confiné dans le Livradois-Forez, j’aimerais l’être (image mai 2019). J’ai toujours fui les grands rassemblements de populations humaines, celles qui aujourd’hui concourent à la propagation de l’épidémie

A part faire le patapouf sur le tapis du salon, que nous reste-t-il d’autre?

L’État a choisi d’interdire le sport de se pratiquer, y compris les pratiques individuelles qui auraient pu sauver la mise. On pourra longtemps lui reprocher d’avoir agi sans discernement. Mais c’est l’Etat régalien dans toute sa splendeur qui balaie tous les compromis comme un rouleau compresseur. L’Etat aura tout cassé et on mettra des années à rebâtir.

Je ne vais plus sur le groupe de discussion du Club des Cents Cols qui interdit toute polémique et qui est tenu par une poignée d’irréductibles du « restez chez vous ». A quoi bon discuter avec des gens qui ont perdu toute capacité de raisonnement!

Les clubs locaux sont des astres morts. Les membres ont quitté le navire depuis longtemps. A quoi sert un club s’il n’a plus de raison d’être? On peut affirmer sans trop se tromper que la saison 2020 des organisations sportives et culturelles est morte.

Ce n’est qu’un constat mineur qui cependant va s’ajouter aux dérèglements du corps social. Attendons à voir poindre les maladies mentales et les suicides dans quelques semaines à la suite du confinement.

La contention sur le fauteuil de nos vieux en Ehpad est déjà une conséquence de l’assignation à garder la chambre, une camisole qui ne dit pas son nom pour ceux qui persistent à vouloir déambuler dans les couloirs.

Un jour en me levant, j’ai vu un drap blanc au pied de l’Ehpad, le pensionnaire s’était jeté par la fenêtre. On aura depuis verrouillé les ouvertures.

Les grand immeubles collectifs des cités urbaines vont devenir des mouroirs du confinement si l’on persiste à enfermer les gens sans perspectives de lendemain.

Il tarde que nous sortions de l’impasse.

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Chronique de pandémie

On fait tout pour nous mettre des bâtons dans les roues.

Pas seulement dans les roues de nos vélos qui sont confinés depuis des semaines dans leur garage.

Hier je suis allé au Drive. La peur de prendre un PV puisqu’un commandant de gendarmerie a décidé un jour de mars d’interdire aux Thannois d’aller faire leurs courses à Cernay ou à Bunrhaupt. Trop loin selon lui. Or à Cernay on peut profiter du Drive qui n’existe pas à Thann. Le Drive vous évite d’avoir « à faire les rayons », à tripoter les marchandises.

J’ai bien tenté les paniers de légumes livrés à la maison mais aucun maraîcher sur Thann. On a fait la vie dure aux marchés et tous ces métiers de vente directe du producteur au consommateur sont maintenant arrêtés avec les produits qui dépérissent dans leurs jardins.

Au Drive, huit voitures devant les bornes interactives. On scanne et on attend au volant le coffre grand ouvert…la plupart des conductrices portent un masque. Les jeunes filles qui arrivent avec nos marchandises n’en portent pas. Une fois le coffre chargé par l’opératrice, on peut venir fermer sa malle et partir.

Cette mécanique a atteint le paroxysme de la déshumanisation. Nous sommes robotisés.

la pitance d’une semaine en décontamination pendant trois heures dans le garage

Réa

La réa, c’est comme ça qu’on dit dans le milieu, c’est là où l’on va finir par aller si plus rien ne marche dans votre corps chargé de virus.

Pas drôle du tout comme on l’imagine. On doit vous arracher vos vêtements à la hâte et nu comme un ver vous êtes sur le champ opératoire anesthésié pour ne pas voir et ne pas ressentir la suite.

A partir de là, vous êtes devenu une grosse saucisse qu’on retourne comme sur un barbecue après vous avoir enfoncé de force dans les poumons un gros tuyau d’air comprimé à l’aide d’une cuillère dont les modèles les plus sophistiqués possèdent sur le manche une caméra vidéo. Sans parler du reste, les cathéters, le tensiomètre, la pince de VO2 et j’imagine la sonde urinaire dans l’urètre. Toutes les deux ou trois heures on vient vous retourner avec ce bazar comme une crêpe. Vous êtes devenu une chose à coté d’autres choses. En Grand Est ils sont mille comme ça actuellement à endurer cette torture pendant des jours et des jours. Certes on en réchappe. Pas tous, car on se garde de nous dire quel est le taux de réussite d’un tel traitement sur des patients à la comorbidité sévère. Ni sans savoir les séquelles à court ou long terme…

On ne saura pas quel est le statut de toutes ces personnes qu’un ballet d’ambulances débarque aux urgences, quelle est leur histoire? comment ont-elles été infectées? avaient-elles des prédispositions à la maladie? ont-elles pris des risques imposés ou inutiles? Oui on sait que des personnages publics son atteints de par leurs fonctions qui les exposent davantage. Mais tous les autres?…

On sait juste que les hommes sont majoritaires et peut-être moins attentifs aux risques de la contamination que les femmes.

Hier à la télé un couple de Ranspch, village de ma vallée, témoigne. Ils sont sortis vainqueurs tous les deux. Ils racontent pour dire qu’ils ont été parfaitement soignés et heureux de revivre. Mais à aucun moment on ne saura comment ils ont pu être infectés; le savent-ils eux-mêmes? ou n’osent-ils pas avancer publiquement une explication à la TV?

Serrer le garrot

Le gouvernement fait tout pour serrer un peu plus le garrot de nos libertés individuelles. C’est son seul curseur pour ralentir la contamination et son avancée vers la conquête de l’ouest. Alors il serre, il serre toujours un peu plus. Durcissant les peines jusqu’à la prison pour les récidivistes contraventionnels. A l’approche des vacances de Pâques, toutes les polices vont traquer les candidats aux bords de mer. Les loueurs sont invités à ne pas louer. Les entrées d’autoroute sont sous contrôle. On va traquer les Français mieux que les clandestins qui franchissent les frontières.

Comme la génération du net s’en plaignait, le Ministère de l’Intérieur va sortir son appli informatisée pour les attestations de déplacement dérogatoire…

Le gendarme lira votre QR-code à travers la vitre de votre voiture et votre attestation sera accessible sur son téléphone. Voila une occasion de plus d’être fliqué intelligemment.

« Il faudra préciser votre heure de sortie, mais l’heure à laquelle vous avez édité le document sera accessible aux policiers. Cela évitera que des personnes remplissent l’attestation uniquement à la vue d’un contrôle de police, a-t-il détaillé dans les colonnes du Parisien. Et grâce au QR code, les policiers et les gendarmes n’auront pas besoin de prendre le téléphone en main, il leur suffira de scanner l’écran. » (Franceinfo)

Des voisins discrets

Mes voisins sont discrets. D’habitude, j’ai coutume de considérer qu’à partir de huit heures le matin, je suis le gardien des lieux. Tout mon quartier se vide étant seul parmi quelques rares retraités plus éloignés dans la rue.

Mais aujourd’hui que tout le monde est là, confiné, rien n’a changé. Mes voisins son terrés dans leur maison. Ils sortent un peu dans le jardin puis rentrent à nouveau chez eux. On ne les entend pas. Les consignes de distanciation sociale sont observées à la lettre. Mais hier, surprise! ma voisine fait son jogging autour de la maison…elle m’a avoué avoir parcouru un kilomètre. Tous les dix pas, il faut tourner à quatre-vingt dix degrés. Les joggeurs savent que tourner en courant est fatigant, c’est comme la torsion du corps pour regarder derrière soi avant de traverser la rue, ça fait mal.

Oui, j’ai des voisins discrets. Peut-être est-ce une caractéristique alsacienne ou celle des gens de l’Est? Personne ici, quel que soit son statut social, ne fait en sorte d’aller vers l’autre. C’est une sorte de retenue qui peut déranger et qui me met mal à l’aise. En m’installant, j’avais tenté d’apporter de l’aide en prêtant un outil de jardinage, mais on me l’a poliment refusé. Peut-être par crainte d’être redevable?… Alors j’ai choisi de faire comme tout le monde. Rester discret.

Je confine, tu confines, il ou elle confine

L’histoire se chargera d’écrire tous les scénarios de cette pandémie. Le chroniqueur modeste que je suis retient deux choses face à l’urgence de la situation.

D’abord que la médecine ne sait rien et ne peut rien face au virus: elle est démunie et n’a rien d’autre à proposer que d’insuffler de l’air dans des poumons bouffés par le virus.

Ensuite que les organisations étatiques qui gouvernent les humains n’ont qu’un mot à la bouche « restez chez vous! ». Normal, elles ont tout oublié de leur devoir de protection des citoyens, les masques, les lits d’hôpitaux, les gels, les blouses, les gants,…

Je ne sais pas si c’est mieux chez nos voisins Suisses, eux qui disposent d’abris anti-atomiques en masse dans leurs jardins depuis la guerre froide.

Avec ça démerdez-vous!

Trump attend beaucoup le retour des cloches pour sortir son pays de la pandémie. Ses téléévangélistes aussi. (cloche de Fessenheim)

Oui, il y a quelques idiots comme Trump qui attendent le retour des cloches de Pâques pour la rédemption. Mais chez nous, dans notre démocratie qui se veut protectrice, on découvre jour après jour, qu’on n’a rien prévu du tout et qu’on a abandonné des pans entiers de notre protection élémentaire au marché chinois. Ce n’est pas grave, Macron va faire un virage de 180° sur l’aile, ouvrir des lits, former des infirmières, hausser de deux crans le niveau de salaire des professionnels de santé et sera réélu haut la main en 2022.

En attendant nous sommes condamnés à subir le confinement encore quelques semaines et la remise en route de l’économie, des écoles va se faire dans un bazar indescriptible.

Comptez vos sous! l’Etat glouton va en avoir besoin après tant de ratages.

Au 2 avril, le Haut-Rhin compte 418 décès à l’hôpital. Hors Ehpad.

Seuls les chiffres des morts enregistrés illustrent l’évolution de la pandémie. Car les cas positifs sont détectés inégalement d’un pays à l’autre, vu qu’en Allemagne on teste à grand échelle et en France seulement à partir de symptômes. Malgré le confinement instauré depuis bientôt deux semaines, on voit que la France suit la courbe de l’Italie

Réconciliation

Je connais toutes les rues, les ruelles et les impasses autour de chez moi

Quand je sors pour le jogging, je sais que je vais être bien ensuite. C’est une sorte de réconciliation avec moi-même. Une façon de faire attendre, de relativiser l’attente.

L’attente de jours meilleurs où nous sortirons de cette impasse démocratique dans laquelle on nous confine.

One hundred and fifty six, l’iphone ce matin n’arrêtait pas de me rappeler à l’ordre à force de franchir la ligne jaune cardio.

Je m’en fous. J’ai passé ce matin les 114 km à pied en 20 sorties depuis que le vélo nous est interdit. J’ai des difficultés pour descendre au-dessous de 7minutes 30 le kilomètre. Le poids? ou l’âge? ou les deux? Cette relative lenteur m’interroge.

Chronique de pandémie

Parquer sa population, le rêve d’une dictature

Nous ne sommes pas au bout de nos peines. La sortie du confinement risque d’être assortie de conditions. C’est ce qu’on a appris hier d’Édouard Philippe lors de son audition devant les députés de la mission d’information sur le coronavirus, mercredi 1er avril.

Pratiquement notre fin de confinement n’interviendrait qu’au cas par cas.

Clairement, la pandémie offre une occasion aux pouvoirs politiques de peser sur les libertés collectives et individuelles en prolongeant le régime des privations au-delà de toute règle démocratique.

Il faut donc s’y opposer fermement.

Certes la fin du confinement ne sera pas avant la mi avril voire plus…d’ailleurs le pic de l’épidémie n’est pas encore atteint.

Hier, 1er avril, la France a enregistré 509 morts dans les hôpitaux et 6000 malades en réanimation.Une simulation n’envisage pas une diminution de la mortalité journalière avant le 7 avril

Comment sortir du confinement?

Les experts hygiénistes commencent à laisser filtrer quelques pistes qui ne sont pas enthousiasmantes.

Selon là où l’on habite, selon notre statut sérologique, selon notre âge tout le monde ne sera pas logé à la même enseigne.

Avant nous été contaminés? sommes-nous immunisés par des anticorps? sommes-nous asymptomatiques, c’est à dire porteur de la maladie sans le savoir? avons-nous été testés négatifs ou positifs au coronavirus? sommes-nous des personnes fragiles, atteintes de pathologies à risques et âgées?

Alors selon notre statut il sera possible de sortir du confinement plus ou moins vite tout en l’assortissant de mesures de traçage si vous êtes porteur du virus

C’est ce que prépare le gouvernement, une sortie du confinement par étapes. Autant de barrières dont le Haut-Rhin pourrait faire les frais en tenant compte de son contexte épidémiologique dramatique.

Dès lors, les perspectives de voir les activités de printemps se consumer les unes après les autres se renforcent.

Clairement, le vélo ce n’est pas pour demain. Franchement on habite un pays pas facile.

Franceinfo publie ce matin un article qui détaille les scénarios prévus

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alambic Cobrelis 3 litres 105euros (existe en 5l)

Je ne sais pas qui aura la force en ce premier avril de faire une plaisanterie. Moi je m’en sens incapable.

Dans la presse de ce matin, on annonce l’arrivée de cinq millions de masques dans le Grand Est. Dommage! le mal est déjà fait. C’est incroyable que de simples bouts de papiers pliés mettent tant de temps à nous parvenir.

Quand je parle de mal qui est fait, je pense à tous ces soignants auxquels les masques ont fait défaut de longues semaines, puis à tous les autres obligés de travailler sans protections. Le mal sera aussi politique, mais c’est pour plus tard. On comprend que l’opération de « déminage » a déjà commencé avec cette propagande de Macron visitant une usine de fabrication de masques.

Si, il y a une nouvelle qui prête à sourire dans l’actualité des masques. Décathlon va offrir ses masques de plongée aux hôpitaux. Le système D en France garde ses émules.

Antoine et les membres réguliers de son groupe s’activent. « On a tous les portables les uns des autres, on se donne régulièrement des nouvelles, pour que chacun puisse poursuivre le programme. » La solitude favorisant le retour de vieux démons, le contact humain prime dans cette lutte pour une vie sans alcool. (DNA 01 avril)

C’est presque un poisson d’avril. Les Alcooliques Anonymes ne peuvent plus se réunir à Bartenheim, alors certains risquent de « replonger ». Il faudrait ajouter une case à l’attestation dérogatoire pour se déplacer aux réunions du groupe.

Picoler, après tout, je suis persuadé que certains s’y essaient. L’occasion de vider les culs de bouteilles entamées nous démangent. En liberté surveillée, beaucoup hésitent à rapporter des premières nécessités liquoreuses de crainte que la maréchaussée ne porte une appréciation de valeur défavorable au contenu de notre coffre.

Alors en attendant, on vide les restes. Mais il ne faudrait pas que le confinement s’éternise trop longtemps car on pourrait voir alors les alambics d’infortune redevenir une valeur en hausse dans les chaumières.