J’ai d’abord été de mauvaise humeur. Plus ma femme tente de me rassurer, plus ma colère monte. Puis je suis allé aux poubelles après avoir mis mon pull à trous. J’étais calmé.
Figurez-vous que ça fait au moins quatre fois que je tente les coquelicots. Ou plutôt qu’ils me tentent. Et à chaque fois, c’est la cata.
Encore aujourd’hui où mes fleurs sont vaguement ressemblantes. Oui, elles sont nouvelles vagues, mes fleurs, pourrait-on dire.
Je me marre tout seul en repensant au couteau acheté il y a peu chez Gerstacker à Mulhouse; il était écrit en légende « couteau pour peintre en herbe ». Je me suis tout de suite reconnu dans ce qualificatif et je l’ai acheté…et ce couteau là pourra tout aussi bien me servir à cueillir des pissenlits dans le jardin.
Je l’ai appelée Ciara du nom de cette tempête qui s’est abattue sur le pays. Le dessin est élémentaire avec un avant-plan, un plan d’eau, une lisière d’arbres et des montagnes enneigées en arrière-plan.
Une fois le principe posé, il n’y a plus qu’à se débrouiller avec cette pâte qu’est l’acrylique.
Du bleu, du blanc, du noir, du rouge, du vert, du jaune, du gris de Payne, de la terre de Sienne. Et ce sera tout. Pinceaux et couteaux…et mes doigts quand ça va mieux. Quand on rate, l’avantage c’est qu’on peut repasser.
Au bout de deux heures, je suis naze comme si j’avais 50 kilomètres de vélo.
Avec de l’entraînement, de bons tubes (plus chers) et des pinceaux spécialisés, je devrais pouvoir faire des progrès. Pour l’heure j’ai de bons gros pinceaux ronds du rayon bricolage de Brico.
Le pouring est un art abstrait qui consiste à une application de coulée aléatoire , d’accumulation de cellules, d’écailles colorées sans utiliser de pinceau .
Tout est dit. Aucun mérite. On peut faire ça au patronage en gardant les gamins.
J’ai essayé et voila le travail. Après, on peut doser le choix des couleurs. Ici j’ai utilisé une dominante de bleu.
Au séchage plus ou moins long, les cellules changent encore d’harmonie jusqu’au durcissement final.
chapelle saint Urbain Thann (origine XV eme siècle) acrylique sur toile 30×40
Il fait décidemment mauvais en Alsace ce week-end. J’en profite pour m’exercer à l’acrylique. Cette petite chapelle qui surplombe la Voie Verte le long de la Thur, les vététistes et les promeneurs la connaissent. Elle jouxte le sentier viticole du Rangen et sa célèbre vigne.
Pas de regrets aujourd’hui, une pluie drue s’est installée dès 13h30.
J’ai essayé la neige à l’acrylique. Et des sales gosses se sont amusés à faire de la luge dans la pente.
J’arrête de plaisanter.
L’acrylique est pâteuse et ça aide à faire le rendu. Pour le reste mon éducation est à parfaire. Je me mets passable car la tenue du couteau demande un vrai apprentissage.
En plus je travaille avec de l’entrée de gamme en couleur. Peut-être qu’en mettant plus cher, ça rendrait mieux…
J’ai réussi à bricoler une plate-forme pour avoir ma peinture à proximité. Tout est donc artisanal. Au bout de deux heures, je suis aussi fatigué qu’à vélo.
En grimpant le col Amic par Soultz, je m’arrête souvent au Rote Rain. Et de là, je contemple le vignoble et Jungholtz dans le creux. Puis je repars, encouragé.
C’est ma première peinture de l’année. Je l’appelle Altes Lager (Vieux camp), le lieu dit derrière la déchetterie d’Aspach. Je l’ai ratée (celle en dessous de ce texte, pas celle de dessus). Manque de motivation? perte de confiance? technique compliquée? tout à la fois sans doute.
Mais comme je n’aime pas jeter ma feuille, la déchirer. Je l’ai recyclée. J’ai d’abord lavé l’avant plan moche avec de l’eau et un pinceau plat, puis j’ai repeint avec une technique de mosaïque qui a l’avantage de couvrir la misère.
Redonner du lustre à l’avant-plan avec des couleurs chatoyantes, ça met en valeur en même temps mon plan d’eau et je laisse le reste en place, la lisière d’arbres au fond et mon ciel de brume que je trouvais bien.
J’ai frôlé la correctionnelle en ce début d’année.
C’est un recyclage d’aquarelle à l’acrylique. format 24×32. Mélange de bleu, de blanc et de noir. J’aime bien le rendu des gros morceaux de réglisse à l’avant.
Je m’étais préparé la veille. L’acrylique demande du temps. Une fois revêtu d’un fond de Gesso, il ne me restait plus qu’à travailler mon tableau.
Bien sûr, je travaille avec un tuto et je vais de l’ordi à la toile, séquence après séquence. Car je suis incapable de mener une telle opération sans un guide. Ici, c’est Nelly Lestrade à l’accent chantant du midi qui me propose le sujet. Elle est sympa Nelly mais elle est droitière et moi gaucher dans certains cas, ce qui m’oblige à transposer ses mouvements de couteaux.
De l’ordi à la toile, je m’applique
D’abord le fond du sujet au couteau.Je m’en mets plein les doigts et j’use beaucoup d’essuie-tout.
Travailler sa pâte comme le boulanger et obtenir un rendu. Un grand trou cyclonique dont je me demande comment je vais en sortir…
Quand on arrive à la touche finale, il reste à contempler son œuvre avec bienveillance. Bienveillance, c’est mon copain des bons jours.
Une aquarelle barbouillée à l’acrylique, ça peut toujours redonner un peu d’espoir à ses échecs.
Avant la fin de l’année, je range mes peintures. Elles sont logées dans des classeurs depuis quinze ans.
Les moches aussi. Une peinture moche, c’est une peinture loupée à laquelle tous les peintres amateurs sont confrontés. Ne pas se décourager: mes peintures moches, je les estime à 80%! Il est vrai qu’au fil du temps, on est de plus en plus sévère avec soi-même. Mais je les garde car c’est un souvenir, un moyen d’identifier un état d’esprit, la preuve de ses difficultés à aborder le sujet. Bref, aborder sa médiocrité et l’accepter c’est aussi un encouragement à mieux faire la prochaine fois.
Il reste les inévitables déchets, ceux qu’on n’osera pas mettre dans le classeur…sans aller jusqu’à les déchirer ou les mettre à la poubelle. Ceux-là, je les stocke à part. Puis de temps à autre, je cherche à les réhabiliter ou à les recycler. Recycler, c’est la mode.
Alors voila un exemple.
Une aquarelle ratée, je la couvre à l’acrylique. L’acrylique a cet avantage de couvrir la mocheté du dessous.Et en plus, ça m’entraine à tester ce medium fort distrayant.
Autrefois, je lavais l’aquarelle sous le robinet, je la séchais et je recommençais…chose qu’on apprend dans toutes les écoles pour débutants, histoire de ne pas gâcher la feuille.
Il pleut beaucoup actuellement. Alors j’en profite pour revisiter mes images. Ce jour là, j’étais monté à « la vue Zuber ». Un zeste de neige et c’était tout. Puis je suis redescendu dans la grisaille.
Je suis monté à la Vue Zuber. Je m’attendais à ne rien voir dans le lointain. Mais j’y ai vu ces brumes épaisses qui plongeaient le Thannerhubel dans la pénombre. Tant mieux, mon avant-plan de sapins n’en était que plus beau.
J’hésite à sortir cet après-midi tellement il fait moche. Grisaille et trois degrés. Ce matin, je me suis appliqué à peindre une image de Thann. Ces maisons alsaciennes sont compliquées.
On l’appelle la plaine. Ce sont les Vosges « plates ». Celles où Jeanne d’Arc gardait les moutons. Le Vair qui prend sa source non loin de Contrexéville se jettera dans la Meuse près de Domrémy avant parfois d’envahir les villages riverains lorsqu’il déborde.
Je croque en chemin quelques vues du lointain et j’y dépose de la couleur. Juste pour avoir un souvenir.
J’ai pris l’habitude de commencer par Saint-Malo quand je rends visite à la Bretagne. Pourquoi? je ne sais pas…peut-être parce qu’il s’agit d’un premier ancrage sûr et magique entre terre et mer.
J’escalade les marches des remparts et je contemple le paysage. Cet inextricable mélange de ciel lourd, de côtes rocheuses, de constructions massives des armateurs d’antan et son fort national.
C’est pas beau, mais je publie quand même. Je n’ai rien fait depuis plusieurs mois et ce genre de texture bretonne est délicate. La côte rocheuse, le grès armoricain du coté de Camaret, est recouverte de végétaux aux coloris changeant et faire de l’écume à l’aquarelle n’est pas facile non plus. Vous avez les données du problème.
C’est au couteau que je me suis entraîné. Je n’ai tué que le temps.
Acrylique sur toile 40×50. Le travail au couteau demande un tour de main particulier. On met de la pâte à droite ou à gauche et run!
Ce qui est sympa c’est d’obtenir un modelé, un relief qui donne l’impression du 3D là où il faut. Amusant, le doigt n’est pas interdit pour fondre les teintes l’une dans l’autre.
Rapporter des blancs pour faire l’écume de mer, c’est aussi assez…grisant.
Avoir voila, j’ai maintenant une petit mer intérieure sans besoin de faire des kilomètres.